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Chômeuse sur le divan
29 décembre 2020

Un long travail de deuil 3/3

Je pensais que j’allais mieux. Coucher ma rancoeur sur le papier m’avait soulagé et je croyais que le processus de deuil était bien amorcé. Quelle illusion ! Un événement allait me prouver que je me trompais complètement.

J’avais reçu une invitation gratuite pour un spectacle de cabaret. Cette manifestation culturelle annuelle menée par une troupe amateure était incontournable. Nous avions l’habitude de la couvrir et nous avions noué de bonnes relations avec les organisateurs. Emus par notre triste sort, ces derniers avaient décidé de nous offrir une séance au choix. Je me suis rendue à la première, ravie de passer un bon moment. On m’a placé à la table presse située un peu à l’écart du reste de la salle. Cela me convenait parfaitement car je craignais d’attraper ce nouveau virus venu de Chine. J’étais à côté de deux jeunes journalistes et de la photographe du grand journal local. Eux travaillaient, moi pas. Pour la première fois j’assistais au spectacle sans notes ni photos à prendre.

J’ai profité du show, appréciant les chants, l’ambiance joviale et les décors. J’ai revu quelques connaissances et discuté avec elles lors des changements de plateaux. Je n’ai pu m’empêcher de réaliser quelques petites vidéos pour les partager dans ma story Instagram. « Ce fut une belle soirée !», me dis-je en rentrant chez moi…

Nuit blanche

Je n’ai pas fermé l’oeil ou si peu. Mes pensées m’ont empêché de dormir. Je n’ai pu retenir les idées noires. J’ai réalisé cette nuit-là que je n’étais plus journaliste. C’était fini. Mon petit canard n’existait plus et en quelque part, moi non plus. Le match se déroulait devant mes yeux sans que je puisse y participer. J’étais sur la touche, ou pire dans les vestiaires. C’était fini pour moi mais les autres continuaient de jouer sous les encouragements du public. J’avais mal.

giphy

Le lendemain, en visite chez ma mère, je ne pus retenir mes larmes. Je n’avais pas pleuré comme cela depuis le décès de mon père cinq ans plus tôt. Ma peine était immense et mes sanglots entrecoupés d’accès de colère. « Les autres vivent et nous, nous sommes morts, c’est injuste ! », explosai-je. Je prenais enfin conscience de ma situation. J’avais besoin de pleurer, de gueuler ma rage et ma souffrance affalée sur le tapis de la salle à manger. J’extériorisais enfin mes émotions sous le regard maternel plein de compassion*.

 

Quelques jours après la France était confinée. Le temps s’est brusquement arrêté, à mon grand soulagement.

 

(*) C’est à la suite de cette expérience que j’ai écrit d’un jet le texte « le coeur brisé » publié sur ce blog.

 

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